Les alopécies canines

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L’alopécie constitue l’un des principaux motifs de consultation en dermatologie canine.


Auteur : William Bordeau 
Consultant exclusif en dermatologie
Cabinet VetDerm,
1 avenue Foch 94700 MAISONS-ALFORT


Elle peut avoir de très nombreuses causes comme l’a exposé le Pr MECLENBURG lors du dernier congrès de l’European Society et College of Veterinary Dermatology, qui était conjoint avec les journées annuelles du GEDAC, à Nice.

Celui-ci a particulièrement insisté sur les dysplasies et dystrophies folliculaires pouvant être à l’origine d’alopécies. A ce propos il a rappelé les différences entre ces 2 termes qui sont souvent confondus, notamment parce que l’on ne connaît pas la pathogénie de certaines dermatoses. De manière simplifiée, la dysplasie est une anomalie de développement pilaire sans problème trophique, tandis que dans la dystrophie les anomalies pilaires résultent de troubles nutritionnels. Toutefois, il existe toujours une controverse quant au classement de certaines alopécies dans les dysplasies, les dystrophies, voire les atrophies folliculaires, tout en sachant, qu’en plus, plusieurs phénomènes peuvent être associés.

Différentes classifications des alopécies canines existent. On peut notamment les distinguer en alopécie auto-induite et spontanée, même si la distinction n’est pas toujours évidente. Le Pr MECLENBURG a choisit une classification quelque peu inhabituelle, en voulant différencier les alopécies d’origine inflammatoire de celles qui n’étaient pas d’origine inflammatoire.

Concernant les alopécies non inflammatoires, on peut les séparer en alopécies d’origine génétique qui peuvent être congénitales ou non, et en alopécies acquises.

Concernant les alopécies non inflammatoires héréditaires, on a notamment les dysplasies ectodermiques. Celles-ci sont bien connues chez l’homme et on en dénombre actuellement près de 200, notamment la dysplasie ectodermique anhydrotique qui résulte d’une perturbations des récepteurs de l’ectodysplasine. Elles sont à’origine d’une fragilité accrue de la tige pilaire, qui va rapidement entraîner sa fracture et l’apparition d’une alopécie. Ces dysplasies peuvent être associées à d’autres anomalies, notamment dentaires. Ces dysplasies ectodermiques peuvent être congénitales. Certaines races sont bien connues pour avoir ce type d’alopécie, notamment le chien nu mexicain ou le chien chinois à crête. Ces races alopéciques sont plus sujettes aux gelures, aux dermites solaires et aux épithéliomas spinocellulaires.

Il existe également certaines dystrophies pilaires qui résultent d’anomalies uniquement localisées aux follicules. Certaines sont congénitales, notamment le trichorrhexis nodosa, la trichomalacie médullaire ou le pili torti qui ont exceptionnellement été décrit chez le chien.

Certaines alopécies peuvent également résulter d’une dysplasie neuroectodermique qui va alors être à l’origine d’une anomalie mélanocytaire. En effet, les mélanocytes ont une origine neuroectodermique. On peut classer ici la dysplasie des robes diluée et la dysplasie folliculaire des poils noirs. Il s’agit de dermatoses cliniquement très proches qui ne sont peut être qu’une même génodermatose, mais avec des expressions clinique différentes, la dysplasie folliculaire des poils noirs apparaissant notamment plus tôt. L’alopécie des robes diluées est la principale génodermatose du chien. Elle a été décrite chez les chiens à robes bleues et fauves de diverses races. L’alopécie progressive et extensive des zones diluées, débute entre 6 et 12 mois.

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Photo 1 : Alopécie en patron chez un pinscher

On a également les alopécies génétiques qui résultent d’une atrophie folliculaire. On observe une anomalie du cycle pilaire, qui se traduit par une raccourcissement du stade anagène ou un allongement du stade télogène. Elles ne sont pas toujours associées à une altération morphologique du follicule pileux ou de la tige pilaire. On peut classer ici l’alopécie en patron qui une dermatose rare dont il existe 3 types en fonction de la race et de la localisation de l’alopécie sur l’animal.
Elle apparaît dès l’âge de 6 mois, et aboutit en 5 à 10 ans à une alopécie bilatérale et symétrique. Il y a aussi l’alopécie récurrente des flancs canine qui comme son nom l’indique affecte essentiellement les flancs, même si d’autres localisations peuvent être concernées. Elle est saisonnière et donc récurrente, même si dans certains cas la dermatose passe une année, mais à l’extrême elle peut aussi être persistante.

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Photo 2 : Alopécie des robes diluées pouvant tout à fait évoquer une dermatite par allergie aux piqûres de puces

Il existe également des dysplasies folliculaires mais qui ne sont pas cycliques. Cela concerne diverses races comme le husky ou le malamute, et l’alopécie, qui progresse lentement, va affecter différentes zones du corps selon la race.
En dehors de ces alopécies héréditaires, il faut maintenant considérer les alopécies acquises qui sont elles aussi très nombreuses.
On a ainsi de très nombreuses alopécies qui résultent d’une anomalie localisée au niveau du cycle pilaire. A la différence de la première catégorie, elles sont généralement réversibles. On a ainsi l’effluvium télogène qui résulte de la synchronisation des poils sur la phase télogène suite à différents phénomènes, notamment un stress intense.
On a également toutes les alopécies qui résultent d’une dysendocrinie et qui sont maintenant bien identifiées, pour la plupart. Il s’agit des alopécies secondaires à l’hypothyroïdie, au syndrome de Cushing, ou à un désordre des hormones sexuelles.
Après avoir considéré les alopécies non inflammatoires et donc pour lesquelles aucune inflammation primaire n’existait, il faut considérer les alopécies inflammatoires. Ces dernières doivent être séparées en alopécies inflammatoires d’origine infectieuse de celles qui ne le sont pas.
Concernant les alopécies d’origine infectieuses, il s’agit de toutes les causes de folliculite. A savoir les folliculites bactérienne, dermatophytique et démodécique. Certains virus peuvent également être à l’origine d’une alopécie, notamment le poxvirus.
Les alopécies qui ne sont pas d’origine infectieuse ont pour la plupart une origine dysimmunitaire et elles sont généralement associées à une folliculite murale, à savoir la présence de cellules inflammatoires au niveau des épithéliums folliculaires et non pas dans la lumière. Dans ces alopécies, on retrouve notamment l’adénite sébacée, le pemphigus foliacé, le mycosis fongoïde, le lupus érythémateux, l’érythème polymorphe et l’alopecia areata. Dans ce sous groupe, certaines dermatoses sont associées à une atrophie folliculaire, il s’agit notamment de la dermatomyosite, de l’alopécie par traction et de l’alopécie post-injection.

Cet article montre la multiplicité des causes des alopécies canines, et donc la difficulté d’en déterminer l’étiologie. Il faut toutefois se souvenir que ce n’est que l’identification de la cause sous jacente qui permettra sa résolution complète, si tant est que cela soit possible.

Bibliographie

Meclenburg L. Hair follicle dysplasia and dystrophy or the multiple forms of alopecia in the dog. 2002, Proceeding GEDAC/ESVD/ECVD congress, Nice, pp 19-22
Casal & coll. X-linked ectodermal dysplasia in the dog. 1997, J. Hered., Vol. 88, pp 513-517.
Guaguere E. Les alopécies génétiques chez le chien. 2001, CES Dermatologie, Nantes.
L Ordeix, MD Fondevila, L Ferrer, A Fondati. Traction alopecia with vasculitis in an Old English sheepdog. Journal of Small Animal Practice, 2001, Vol 42, Iss 6, pp 304-305

 

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